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« Pour Kamala Harris, l’enjeu de la mobilisation des électeurs, au-delà de celle des démocrates, est clé »

Face à la frénésie de Donald Trump, Kamala Harris a dû se lancer dans une campagne éclair de trois mois. Après de longues semaines de discussions et d’appels publics de ses plus proches soutiens à se désister, Joe Biden se résout le 21 juillet 2024 à renoncer à être le candidat démocrate à l’élection présidentielle.
Il annonce par la voie d’une lettre adressée à ses compatriotes qu’il se retire de la course. Il exhorte les démocrates à soutenir la candidature de Kamala Harris et, en moins de quarante-huit heures, celle-ci réalise un miracle en obtenant l’investiture de 2 579 délégués, soit bien plus que le minimum requis de 1 976 délégués. Le parti est connu pour mettre en lumière ses divisions et le risque que cela se produise de nouveau, alors que les républicains soutenaient fermement leur candidat, était élevé.
Pour autant, l’engouement que fait naître la candidature de Harris est impressionnant : dans les vingt-quatre heures qui suivent l’annonce de sa candidature, elle lève 81 millions de dollars. Celle qui a promis de ramener de la joie dans la vie des gens – « Bring back joy » est un de ses slogans – a depuis, avec son colistier Tim Walz, levé 1 milliard de dollars – une somme inédite dans l’histoire politique américaine.
Malgré son rattrapage de Trump dans les sondages, la position de Harris est précaire. Elle a certes unifié le Parti démocrate autour d’elle et a généré un enthousiasme indéniable de la part d’électeurs qui avaient, initialement, prévu de ne pas se déplacer pour voter. Mais Trump reprend du terrain et c’est pourquoi le débat du 10 septembre était clé. Les vice-présidents américains héritent habituellement de dossiers compliqués, elle ne fut pas une exception : chargée du sujet très controversé de la frontière et des causes profondes de la migration, elle s’est retrouvée à plusieurs reprises en difficulté avec la presse.
Le débat devait donc lui permettre de convaincre les électeurs américains qu’elle était en mesure de diriger le pays. En effet, avant le débat, environ 40 % des électeurs d’Etats pivots ne savaient rien d’elle, si ce n’est qu’elle était la vice-présidente de Joe Biden. Lors du face-à-face télévisé, elle a cherché à se différencier de Trump autant que possible : réitérant qu’elle était une enfant issue de la classe moyenne, et non une héritière.
Elle a dû clarifier son positionnement sur un certain nombre de sujets : santé, énergie, climat et immigration. Et elle a adopté une attitude quasi martiale, évoquant les priorités américaines en matière de politique étrangère et de défense, souhaitant démontrer qu’elle serait une commander in chief à la hauteur des enjeux. Les femmes politiques sont généralement soumises à un examen plus méticuleux de leurs compétences dans ces sujets, longtemps considérés comme l’apanage des hommes.
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